SR SUNTOUR / Nouveau : on s’occupe des entretiens !


6 décembre 2019

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Article dans vélovert

Texte : Amaël Donnet

Images : Hoshi Yoshida, Stéphane Guillaume et Amaël Donnet

En préambule de la visite guidée, présentée sous la forme d’une galerie de photos légendées, nous avons posé quelques questions à Stéphane Guillaume. Actif depuis vingt-cinq ans dans le monde de la suspension, ce dernier est entre autres responsable du Suntour Service Center. Il nous dit tout sur tout et ce sans jamais user de la langue de bois.

sr-suntourSR Suntour – L’ITW

VV : Quelle est la place de SR Suntour sur le marché mondial la suspension ?

SG : D’après moi, au niveau de l’image de marque, sur la pyramide du business Fox se situe au sommet, juste en-dessous nous trouvons RockShox. SR Suntour se place au milieu de cette hiérarchie (juste après RS). Concernant les ventes, Fox vend 800’000 fourches par an, pour RockShox ce nombre se porte à 1’200’000 tandis que de notre côté, nous en écoulons 10’000’000. A terme, notre objectif est de rester à notre place, mais pour ce faire nous devons progresser en qualité. Car si on s’arrête, on redescend rapidement d’un étage. Le gros de notre marché concerne les fourches Aion ainsi que les amortisseurs Edge et Unair.

 

VV : Qu’en est-il en France ?

SG : La situation est identique. L’augmentation de la présence de nos fourches sur des modèles de VTT de moyen à haut de gamme fait que les demandes de SAV et d’entretien augmentent logiquement. Pour répondre à ce dernier point, nous avons lancé la Suntour Academy. C’est un centre de formation qui s’adresse dans un premier temps à nos distributeurs et aux spécialistes des suspensions, puis dans un second temps nous pourrons former des magasins.

 

VV : Quelle est votre direction pour le futur ?

SG : Nous allons rester sur notre marché et à notre place. Cependant nous visons également une amélioration de notre image en travaillant la qualité de nos produits tels que la Durolux, la Rux ou l’Axion. L’objectif est de toucher non pas l’OEM, mais la vente aux particuliers. Ceci dit, cela évolue dans le bon sens. Lors de mon dernier meeting à Taïwan, j’ai eu une requête de Saracen pour équiper leur prochain DH avec une fourche et un amortisseur Suntour afin d’offrir un VTT de descente au bon rapport qualité/prix. Mais bon, je ne sais pas s’il y a un marché et ce bien que le positionnement de Saracen est spécial. Ça va se destiner aux bike-parks, mais quoi qu’il en soit les quantités seront limitées.

 

VV : Par le passé, et ce jusqu’à peu, vous étiez encore actif dans le monde de la transmission.

SG : Nous avons laissé tomber ce secteur, dans la gamme nous avons conservé uniquement un pédalier qui se décline en versions carbone et en aluminium. Au niveau de la transmission, il n’est plus possible d’être en compétition avec Shimano (rires). En toute honnêteté, nous n’avons pas le personnel en interne pour être présent dans tous les domaines à la fois. Sram le fait, mais les équipes qui travaillent pour RockShox, Sram, Avid et cetera sont différentes. Nous préférons rester focus et concentrés sur les marchés de la suspension et du vélo électrique.

 

VV : L’agrandissement des locaux correspond-il à un développement des activités de SR Suntour en France ?

SG : En premier lieu, c’était pour lancer la Suntour Academy et offrir plus de services. Je vais faire une comparaison avec Ikea, leur grande force c’est la disponibilité des pièces. S’il te manque une charnière par exemple, tu vas dans n’importe quel magasin et tu trouves cette pièce. A l’heure actuelle, nous n’avons pas cette force. Mais nous nous devons de la développer, car quand tu vas dans un magasin de vélos tu trouveras obligatoirement une fourche Suntour. Au départ, nous étions un fabricant, nous produisions de manière industrielle et en grande quantité. Maintenant, notre souhait est d’avoir un réseau de services puissant. Nous sommes en retard dans ce domaine, mais il n’était pas possible de tout faire en même temps. On souhaiterait également proposer le concept de notre Academy dans différents pays tels que l’Allemagne, les Etats-Unis, voir au Canada, à Vancouver ou en Asie…  Ce qui reste certain, c’est que nous allons mettre en route un protocole afin d’améliorer notre service. Nous travaillons également sur des kits permettant de faire l’entretien régulier de nos suspensions. Il faut composer ces kits et créer l’étiquetage, c’est nouveau pour nous. Ici, à Sainte-Hélène du Lac, nous gérons les cas de garanties. Nous n’avons pas la place, ni le personnel, pour effectuer ces travaux de révisions. Ces derniers doivent être assurés par les distributeurs ainsi que par des spécialistes de l’entretien tel que par exemple Terry de Unik Suspension.

 

VV : Est-ce à dire que SR Suntour connaît un succès grandissant ? Si oui sur quelle gamme de produits ?

SG : Nous progressons notablement sur le milieu / haut de gamme des e-Bike. Je cite pour exemple un modèle qui serait affiché à +/- 4’500 euros. C’est une sacrée somme pour le commun des mortels ou les personnes ne venant pas du monde du vélo, mais cela reste une sorte de porte d’entrée vers le véritable haut de gamme. Le top modèle est lui souvent monté en Fox, mais il coûte le double du prix. Cependant pour les collections 2020, nous avons perdu des parts de marché suite à des erreurs et à des retards de livraison commis sur les gammes 2019. Nous avons été dépassés par les demandes. En e-Bike, le moteur, la batterie et le système de contrôle coûtent très très cher vis-à-vis du cadre et des composants. Tout retard occasionne donc des sommes importantes qui sont bloquées. La marque perd donc beaucoup d’argent, les encours en stock sont très importants. Pour réussir ce pari, nous aurions dû être capables de fabriquer 17’000 Aion par mois et cela durant six mois. Etre présent en OEM ça dépend donc également aussi des capacités de production. Parmi nos succès, je peux également citer l’amortisseur Unair. Nous avons passé le cap du million d’amortisseurs produits. Le bon côté des choses, c’est que si tu passes par le SAV, tu n’en verras pas. Quand je l’ai conçu, j’avais fait les choses simplement, avec par exemple seulement deux positions du levier ajustant la plate-forme. Maintenant, on (les chefs produit) me dit que ça fonctionne bien, mais qu’il faudrait mettre une troisième position car en face RockShox le propose. Alors OK je veux bien, mais rajouter une troisième position, ça va être fatalement source d’un éventuel problème supplémentaire. Finalement, le problème est le même pour tout le monde, le plus difficile c’est de produire du très haut de gamme en grande quantité. C’est valable pour nous, pour RS, pour Fox… Si par exemple RS double sa production, à mon avis, ils sont morts. C’est ça qui avait en partie condamné Marzocchi. Car si tu as le moindre pépin, tu le paies très cher. Comme dit mon boss Naoji Tanaka, l’important ce n’est pas le nombre de fourche que nous vendons, c’est ce qui revient et ce qui reste dans notre trésorerie. Le très haut de gamme c’est bien pour l’image, mais pour le reste cela s’avère très compliqué.« 

http://www.velovert.com/news/15307/business-sr-suntour-%E2%80%93-l%E2%80%99industrialisation-c-est?fbclid=IwAR0xXKriJWyAjYMgs0kxtqc91W8n_VhD7_g4JSZR-J1J9E9Hm26PsHkYHLY

 

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